Schématiquement deux types de règles de coordination s’appliquent et coexistent selon leur date de réalisation :
A. Mobilité professionnelle en cours avant le 1er janvier 2021.
En matière de protection sociale (Au titre de « L’Accord de retrait (1) ») :
La période de transition s’étant achevée au 31/12/2021, les salariés en mobilité professionnelle internationale bénéficient du maintien de la réglementation européenne en matière de sécurité sociale (2)
à la condition que ceux-ci continuent à se trouver « sans interruption » dans une situation ayant débuté avant la fin de la période transitoire (3).
Leurs certificats de détachement A1 restent valables jusqu’à leur terme si leur situation est inchangée.
En matière de droit social :
Tout salarié britannique détaché en France avant le 1er janvier 2021, peut poursuivre son détachement jusqu’à la date de la fin de la mission. Ce détachement (qui peut avoir débuté, avant, pendant la période de transition) s’effectue dans le respect du droit national, c’est-à-dire les formalités administratives, le droit du travail, ainsi que les conventions collectives applicables (dit « noyau dur
»).
La revue du schéma contractuel (Ex : Convention de détachement entre les deux sociétés celle d’origine et celle d’accueil, Contrat de travail, Avenant de détachement) doit permettre l’actualisation de certaines clauses contractuelles pour tenir compte du Brexit.
En matière d’Immigration :
Les ressortissants britanniques devaient demander la délivrance d'un titre de séjour portant la mention « Accord de retrait du Royaume-Uni de l’Union Européenne
» sur un site internet spécialement dédié au dépôt de ces demandes. Ce site a été fermé depuis le 4 octobre 2021. Seul le module relatif au dépôt des pièces complémentaires pouvant être demandées par les services instructeurs des préfectures demeure encore accessible.
Depuis le 5 octobre 2021 les personnes encore éligibles au bénéfice de l’accord de retrait doivent se rapprocher des préfectures pour présenter leurs demandes. Sont concernés :
• les Britanniques atteignant l’âge de la majorité
• les membres de famille arrivant en France
• les Britanniques qui n’ont pas été en mesure de présenter auparavant leur demande en raison de motifs légitimes (raisons liées à l’état de santé, à un cas de force majeure, etc…)
B. Mobilité professionnelle à compter du 1er janvier 2021.
Si le Brexit a mis fin à la « libre circulation des travailleurs », certains principes demeurent.
En matière de protection sociale (Au titre de l'accord de commerce et de coopération (4)
) du 24 décembre 2020) :
Pour déterminer la législation applicable, l’accord de retrait se base toujours sur le principe « d’unicité » (5)
, mais il en ressort amoindri, certaines coordinations de prestations sociales manquant à l’appel. (Ex : allocations familiales et de soins programmés de longue durée, exportation limitée des prestations de chômage et d'invalidité si la personne n’est plus couverte par les règlements européens)
Ainsi, ces salariés détachés, couverts par l’Accord de retrait doivent se munir d’un certificat de détachement A1, avec une date de validité, en principe de 24 mois. Si vous êtes employeur, depuis janvier 2022, vous devez utiliser le service en ligne (ILASS - Instruction de la Législation Applicable à la Sécurité Sociale) du Centre National de Gestion (CNG) de la mobilité internationale qui permet d'automatiser l'instruction et la délivrance du formulaire A1 pour votre salarié en mobilité à l'étranger.
Cette disposition ne s’appliquerait pas aux détachés dont l’activité s’effectue au sein de deux ou plusieurs Etats (pluriactivité).
A noter également que l’exigence d’une durée d'affiliation minimale au régime de l'État d'envoi d’1 mois avant un détachement, ne figure pas dans les textes liant l’UE et le Royaume-Uni.
En matière de droit social :
Les salariés britanniques détachés en France (avant, pendant ou après la fin de période de transition) sont soumis à la législation française relative au détachement de travailleurs. En particulier les formalités administratives telles que les déclarations de détachement, le droit du travail, ainsi que les conventions collectives applicables (dit « noyau dur
») leur sont applicables au-delà de la période de transition.
Avant tout détachement il convient de bien veiller ici également, au schéma contractuel (Ex : Convention de détachement entre les deux sociétés celle d’origine et celle d’accueil, Contrat de travail, Avenant de détachement) pour sa mise en conformité au regard du droit britannique et français.
En matière d’immigration :
Les ressortissants britanniques ont l’obligation de détenir un titre de séjour à compter du 1er janvier 2022. Après cette date, les personnes n’ayant pas reçu leur titre de séjour pourront continuer à séjourner régulièrement en France et à bénéficier des droits attachés à leur statut (séjour, travail, droits sociaux) dès lors qu’ils sont en mesure de présenter l’attestation d’enregistrement de dépôt de leur demande de titre de séjour en ligne ou un récépissé de demande de titre de séjour délivré par la préfecture dans le cadre de l’accord de retrait.
En revanche, les ressortissants britanniques qui, ne relevant pas de l’accord de retrait (c’est-à-dire s’ils ne justifient pas d’un lien familial préexistant au 1er janvier 2021 avec un Britannique déjà établi en France), souhaitent s’installer en France depuis le 1er janvier 2021 pour une durée de plus de 90 jours, sont soumis aux dispositions du droit commun : Ils doivent solliciter la délivrance d’un visa de long séjour auprès des services consulaires français au Royaume-Uni qui leur permettra d’obtenir par la suite un titre de séjour en préfecture.
Pour des salariés en détachement vers la France dans le cadre de la prestation de service internationale (PSI) : non seulement sont-ils soumis aux règles sur les visas (dispense
pour des séjours de moins de 90 jours, mais visa de long séjour obligatoire pour des séjours de plus de 90 jours), mais ils doivent demander, au préalable, une autorisation de travail auprès des autorités de la DREETS. En effet, la dispense de visa de court séjour n’est pas accompagnée d’une dispense de l’autorisation de travail… cqfd
Vous aurez compris que se conformer au droit social, au droit de la protection sociale ne suffit pas ! il convient de s’assurer des nouvelles mesures prises en matière de droit au séjour et d’autorisation de travail !
En définitive, cette combinaison des différents domaines du droit, protection sociale, droit social et de l’immigration nécessite une évaluation technique de chaque détachement ou d’expatriation afin de s’assurer non seulement de sa mise en conformité au regard de ces deux législations susceptibles de sanctions administratives et pénales en cas d’infraction, mais aussi d’apprécier les conséquences en matière de prestations sociales des intéressés.
Notre équipe d'experts est à votre disposition pour vous aider dans vos démarches vers la France et vers le Royaume Uni.
1. Accord dit « Accord de retrait » N°2019/C 384 I/01 du 17/10/2019 sur le retrait du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord de l’UE et de la Communauté européenne de l'énergie atomique. Ces salariés en mobilité bénéficient de mécanismes transitoires qui maintiennent l’application du règlement 883/2004.
2. Règlements (CE) 883/2004 et 987/2008
3. Article 30 Accord de retrait » N°2019/C 384 I/01 du 17/10/2019
4. Accord de commerce et de coopération du 30 décembre 2020, appliqué à titre provisoire depuis le 1er janvier 2021 et entré en vigueur le 1er mai 2021.
5. Principe édicté par le Règlement européen de 2004 n° 883/2004